Allemagne : la locomotive européenne est-elle en panne ?
De quoi on parle ?
Pour la première fois en plus de vingt ans, l’Allemagne pourrait connaître deux années consécutives de récession. Après une contraction de 0,3 % en 2023, l’économie allemande devrait reculer de 0,2 % en 2024, des chiffres alarmants pour la première puissance économique de la zone euro. Entre stagnation et récession, le pays s’enfonce dans une crise économique aggravée par l’instabilité politique, alors que la coalition gouvernementale d’Olaf Scholz est au bord de la rupture.
Des investissements trop faibles
En raison de carnets de commandes insuffisants, les entreprises allemandes ont réduit leurs investissements, ce qui a fortement pesé sur la croissance économique. Bien que les investissements publics, notamment les dépenses militaires, aient augmenté, ils restent insuffisants pour compenser le recul de l’investissement privé. La hausse du coût de l’énergie, due en partie à l’arrêt des approvisionnements en provenance de Russie après l’invasion de l’Ukraine en 2022, a fortement pénalisé les entreprises allemandes.
Selon la Bundesbank, l’Allemagne pourrait faire face à “un nombre important de défaillances d’entreprises” en 2025, conséquence des “changements structurels en cours” et de “la faiblesse économique persistante”.
Une industrie en déclin
L’industrie allemande, pilier de son économie, est au cœur de la crise actuelle. Le secteur automobile subit de plein fouet la hausse des coûts de l’énergie et la baisse des ventes. Le 28 octobre 2024, Volkswagen a annoncé la fermeture prévue d’“au moins trois usines en Allemagne”, une décision aux conséquences dramatiques pour des milliers d’employés du plus grand constructeur automobile européen. La direction a également indiqué qu’il faudrait que Volkswagen produise 500 000 véhicules supplémentaires par an pour atteindre un niveau de production optimal.
La crise s’étend à d’autres acteurs clés, comme Audi, filiale de Volkswagen, qui prévoit la suppression de 4 500 emplois indirects pour restaurer sa rentabilité. Après des mois de résistance, l’usine Audi de Bruxelles, spécialisée dans la production d’un SUV électrique de la marque, fermera ses portes pour être relocalisée au Mexique.
À cela s’ajoutent des problèmes structurels, comme le manque de main-d’œuvre qualifiée et les évolutions récentes des relations commerciales entre l’Allemagne et la Chine. En quelques années, la plus grande puissance asiatique est passée d’importatrice à premier exportateur mondial de véhicules, ce qui a largement affecté les exportations allemandes.
Quelques lueurs d’espoir.
Malgré la crise, l’Allemagne bénéficie toujours d’un marché de l’emploi robuste, avec un taux de chômage stable à 6 % en octobre. La reprise économique prévue pour 2025, avec une croissance estimée à 1,1 %, repose largement sur la consommation des ménages, soutenue par une inflation désormais basse et une récente hausse du pouvoir d’achat.
Pour finir.
Pour finir, l’Allemagne traverse une période de turbulences à la fois économiques et politiques, qui met à rude épreuve son rôle de locomotive européenne. Alors que l’économie s’enlise dans une récession, la coalition d’Olaf Scholz s’effondre sous le poids de ses divisions internes. Cette crise politique s’ajoute aux défis structurels et conjoncturels qui frappent l’industrie, notamment le secteur automobile, symbole de la puissance économique du pays. Si quelques signaux d’espoir émergent, comme la reprise attendue en 2025 et la résilience du marché de l’emploi, l’Allemagne devra surmonter des défis de taille pour retrouver son dynamisme et son influence en Europe.
Jules T.