Dépenses publiques : le rapport data
Dette et déficit.
Deux mots que l’on entend des dizaines de fois par jour, tellement la situation budgétaire de la France paraît catastrophique. Mais comment caractériser les dépenses de l’Etat ? Quelles administrations dépensent le plus ? Comment nous situons-nous par rapport à la moyenne de l’OCDE ? Par rapport à nos voisins européens ?
Un des premiers constats que nous pouvons faire : la France figure parmi les pires élèves de l’Union Européenne en termes de dette publique.
Les dépenses publiques engagées en 2022 pour soutenir les ménages et les entreprises face à la flambée des prix de l'énergie ont partiellement compensé la forte diminution des dépenses associées à la crise sanitaire. L'inflation accélérée a augmenté les prestations sociales indexées et a alourdi la charge de la dette, dont une partie suit également l'évolution des prix.
Structure des dépenses publiques en 2022
Depuis 1978, les dépenses publiques en France n'ont cessé de croître, atteignant 109.9 % du PIB en 2023. Cette montée en flèche, marquée par des hausses notables lors des crises économiques — notamment en 2008 et pendant la pandémie de COVID-19 en 2020 — illustre le poids croissant de l'État dans l'économie. Cette tendance interroge sur la viabilité à long terme de la dette publique française et pose des défis cruciaux en matière de gestion budgétaire, à l’heure où les pressions sociales et économiques continuent de peser sur les finances de l'État.
Au sein de chaque administration publique, la structure des dépenses varie. Les prestations sociales constituent la majorité des dépenses pour les administrations publiques de sécurité sociale, soulignant leur rôle essentiel dans le financement des protections sociales. Les administrations publiques centrales, quant à elles, allouent une part importante de leur budget aux rémunérations des salariés et aux consommations intermédiaires, tandis que les administrations publiques locales montrent une répartition plus équilibrée entre les différents postes.
Dépenses par administration publique en 2023
La France n’a pas connu d’excédent budgétaire depuis 1974.
L’écart entre les dépenses et les recettes de l’État français s'est progressivement creusé depuis la fin des années 1980, marquant le début d'une spirale de déficits persistants. Le dernier excédent budgétaire remonte à l’ère Pompidou. Depuis, la France n’a cessé d’accumuler des déficits, ce qui reflète notamment une dépendance croissante aux financements extérieurs pour soutenir ses politiques publiques.
Dépenses et recettes publiques (1960-2023)
La dette française suit une évolution parallèle à celle des autres pays de l’OCDE, affichant des tendances similaires au fil des années, notamment en termes de hausses et de baisses en fonction des conjonctures économiques mondiales. Toutefois, elle reste constamment plus élevée que la moyenne des pays de l’OCDE. Cette différence s’explique en partie par un modèle social ambitieux et des dépenses publiques importantes, visant à maintenir un haut niveau de protection sociale et de services publics.
Dette globale du gouvernement (France et OCDE, 2007-2022)
Pour finir.
La situation budgétaire de la France, marquée par une dette publique élevée et un déficit persistant, interroge sur la durabilité à long terme de son modèle économique. Si les dépenses publiques sont essentielles pour maintenir un haut niveau de protection sociale et de services publics, leur croissance constante soulève des questions concernant leur financement. La France devra, à terme, trouver un équilibre entre son modèle social ambitieux et la nécessité d'assainir ses finances publiques pour garantir une stabilité économique durable.
Jules Tastet