Pétrole et subventions : le rapport data
De quoi on parle ?
L'industrie des combustibles fossiles désigne l'ensemble des activités économiques liées à l'exploration, l'extraction, la production, le raffinage et la distribution de combustibles fossiles. Ces combustibles comprennent principalement le pétrole, le gaz naturel et le charbon, qui sont des ressources énergétiques issues de la décomposition de matières organiques sur des millions d'années. Malgré la crise climatique et les discours de certaines figures politiques appellant à la combattre, l'industrie fossile et les subventions qui la soutiennent demeurent d'une ampleur colossale.
Ces subventions sont des transferts courants sans contrepartie que les administrations publiques versent à des producteurs dans le but d’influencer leurs niveaux de production, leurs prix ou la rémunération des facteurs de production. On distingue les subventions explicites, des aides financières directes de l'État aux entreprises, des subventions implicites, représentant les coûts environnementaux et sociaux non pris en charge par les producteurs, comme la pollution et les dégâts climatiques.
La consommation mondiale de pétrole, en net recul depuis la crise du Covid-19, devrait repartir à la hausse selon les dernières estimations de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). La demande quotidienne, qui s’établissait autour de 102,2 millions de barils par jour en 2023, pourrait atteindre 104,2 millions de barils par jour en 2024, marquant ainsi une reprise de la croissance pour la période 2024-2025.
En 2023, la consommation mondiale de pétrole s'est établie à…
Aujourd’hui, le pétrole couvre plus de 30 % des besoins énergétiques mondiaux, ce qui en fait une ressource clé pour le secteur. Principal composant des carburants, il alimente massivement le transport routier, aérien et maritime. Enfin, il est utilisé comme combustible pour le chauffage domestique et comme source de chaleur dans les processus industriels dans une moindre mesure.
Aux États-Unis, le premier consommateur mondial de pétrole, les usages de pétrole se décomposent ainsi :
Qui sont les principaux pays producteurs de pétrole ?
Les États-Unis dominent le marché mondial du pétrole, affichant une production de 17,8 millions de barils par jour en 2022, soit 18,9 % de la production mondiale. Cette position de leader, acquise en 2017, est attribuée à l'essor de l’exploitation du pétrole de schiste sur le territoire américain. Derrière eux, l'Arabie saoudite et la Russie occupent respectivement la deuxième et la troisième place, avec des productions quotidiennes de 12,1 et 11,2 millions de barils.
Pour les principales entreprises productrices, les bénéfices nets sont immenses.
Les profits dans le secteur de l'énergie atteignent des niveaux impressionnants, un véritable jackpot pour les géants du pétrole et du gaz comme ExxonMobil, Chevron ou encore TotalEnergies. Ces entreprises surfent sur une vague de bénéfices record, portés par la flambée des prix et une demande mondiale qui ne faiblit pas. Malgré les appels pressants à investir davantage dans les énergies renouvelables, les principaux acteurs de l’énergie restent fermement ancrés dans le pétrole et le gaz, conservant une influence majeure sur la scène économique et financière.
Si les bénéfices de l'industrie pétrolière sont si élevés, pourquoi les subventions qui lui sont accordées restent-elles aussi massives ?
En 2022, les subventions explicites mondiales aux combustibles fossiles, pétrole en tête, ont atteint un montant record de 1539.21 milliards de dollars d’après Fossil Fuel Subsidies Tracker. D’après le FMI, la somme des subventions implicites et explicites atteindrait 7000 milliards de dollars. Cette envolée s'explique en partie par le soutien massif des pouvoirs publics, qui ont tenté d’amortir le choc de la flambée des prix de l’énergie suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. En parallèle, des aides ont été déployées pour soutenir la reprise économique après la pandémie. Face aux crises successives, les gouvernements ont ainsi intensifié leurs aides aux consommateurs et aux entreprises, leur permettant de faire face à l’augmentation des coûts énergétiques. Cette dynamique soulève toutefois des interrogations, notamment sur l’incohérence entre ces subventions colossales et les engagements climatiques.
Si les bénéfices nets de ces grands groupes pétroliers sont aussi importants, les subventions à l’offre de pétrole sont-elles réellement justifiées ?
Pour comprendre l’impact réel des subventions pétrolières, il est intéressant d’observer leur effet sur le prix de l’essence. Dans certains pays, comme le Venezuela et l’Iran, les subventions semblent effectivement atteindre leur objectif principal : maintenir un prix bas pour le consommateur. Au Venezuela, par exemple, le litre d’essence coûte seulement 0,035 USD, tandis qu’en Iran, il est à 0,029 USD. Ces tarifs ultra-compétitifs sont le résultat de subventions massives destinées à soulager directement la population.
En revanche, dans d’autres pays comme les États-Unis, qui allouent pourtant des subventions conséquentes à l’industrie pétrolière, le prix de l’essence est sensiblement plus élevé, atteignant 0,846 USD par litre. Ici, les subventions semblent davantage profiter aux producteurs qu’aux consommateurs.
Les 7 plus grandes entreprises pétrolières par capitalisation boursière.
Pour finir.
Malgré la prise de conscience croissante des enjeux climatiques et les appels à la transition énergétique, l'industrie des combustibles fossiles continue de bénéficier de subventions colossales et reste solidement ancrée dans l'économie mondiale. En somme, le soutien financier massif aux énergies fossiles devient de plus en plus difficile à justifier dans un contexte d'urgence environnementale, et de nombreux experts s'interrogent sur la pertinence de cette allocation des dépenses publiques pour les consommateurs.
Jules Tastet