COP29 : entre urgence et indifférence, peut-on sauver l’Accord de Paris ?
De quoi on parle ?
Lundi 11 novembre, la COP29 – 29ème conférence des Parties – s’est ouverte pour deux semaines à Bakou, en Azerbaïdjan. C’est donc la troisième fois de suite que la conférence a lieu dans un pays pétrolier et gazier (COP27 en Égypte et COP28 aux Émirats arabes unis), un choix qui, inévitablement, fait débat. Cette COP, hélas largement invisibilisée par un contexte géopolitique mondial enflammé, est pourtant d’une importance majeure alors que les engagements actuels placent le monde sur une trajectoire de réchauffement entre +2,6 et +2,8 degrés à horizon 2035 (selon le nouveau rapport du PNUE - le programme des Nations Unies pour l’environnement).
Quels sont les objectifs de la COP29 ?
L’enjeu central de cette COP est d’établir un bilan mondial et de mettre à jour les contributions au niveau national. Ces objectifs répondent à la nécessité de maintenir le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, conformément à l’Accord de Paris de 2015 (COP21). Lors de la COP28, le premier « bilan mondial » a démontré l’insuffisance des efforts actuels, soulignant l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 43 % d’ici 2030.
La mise en place de marchés internationaux du carbone est également attendue, susceptible d’occasionner des contributions additionnelles au financement mondial de la lutte contre le changement climatique.
Un autre dossier majeur est de trouver un accord sur un nouvel objectif mondial en matière de financement climatique. Celui-ci devrait remplacer, dès 2025, les 100 milliards de dollars par an que les pays développés s’étaient engagés à verser aux pays en développement. Un objectif qui a été atteint avec deux ans de retard en 2022.
Pourquoi c’est important ?
Par où commencer ?
Tout d’abord, l’année 2024 est en passe de se classer comme la plus chaude jamais enregistrée. Les canicules et inondations meurtrières se multiplient, comme récemment à Valence, créant ainsi une attente particulière envers les dirigeants, qui doivent prouver leur engagement pour le climat.
Mais dans un monde ébranlé par les conflits, comme en Ukraine et à Gaza, le climat a été relégué au second plan. Les grandes nations brillent alors par leur absence. Les dirigeants des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, du Canada, du Japon, de la France et de l’Allemagne n’ont pas fait le déplacement, des nations pourtant essentielles à la diplomatie climatique.
Face à cela, des dizaines de dirigeants des pays les plus vulnérables défilent et témoignent des conséquences du changement climatique devant des chaises laissées vides par les grandes nations. Les voilà, se succédant à la tribune, alarmant de l’intensification des catastrophes climatiques dont ils sont les premiers témoins. Ils montrent également leur inquiétude face à un contexte mondial qui menace la multipolarité et nuit aux considérations environnementales. Mohamed Muizzu, président des Maldives a ainsi déclaré « Les cordons de la bourse s’ouvrent pour financer la guerre, mais ils se referment quand il s’agit de financer la transition climatique ».
À ces nombreux freins à l’action climatique vient récemment de s’ajouter celui de l’élection de Donald Trump, climatosceptique assumé qui a promis un nouveau retrait des États-Unis de l’Accord de Paris (réintégré sous Joe Biden). Le président républicain a bien l’intention de relancer massivement la production d’énergie fossile, un coup de grâce pour la limitation du réchauffement à 1,5 °C. Les États-Unis sont le premier pollueur historique et le deuxième émetteur de gaz à effet de serre mondial.
Pour finir.
Il y a du travail. Un hôte complètement absent de la scène de la diplomatie climatique et exportateur d’énergie fossile, un contexte géopolitique alarmant, une situation économique globale morose, de grands absents et le retour d’un climatosceptique à la tête d’une des nations les plus déterminantes sont autant de facteurs qui se dressent face à la COP29 et l’invisibilisent. Néanmoins, les récentes catastrophes climatiques, le retard sur les engagements de Paris et l’urgence avancée par les pays vulnérables pourraient contrebalancer ces difficultés et aider à remplir les objectifs prioritaires. Lundi 11 novembre, la COP s’est par ailleurs ouverte sur l’adoption de certaines règles de l’Article 6 de Paris concernant les marchés carbone.
Valentine L.